samedi, janvier 28, 2006

Atlantique

Regarder de tous ses yeux un paysage, et se dire qu'on donnerait tout pour habiter en ce lieu qui nous paraît si féerique..

N'avons nous pas tous fait ce rêve à un moment ou un autre ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de verser une petite larme, ce matin, devant ce spectacle qui me semble encore irréel.. Une maison en ruine, qui me fait encore penser à une autre ruine dans cette forêt magique, du côté de là-bas, un petit pont de pierres, quel âge peut-il avoir ?

J'ai trouvé mon coin de paradis, un petit port tout près de Clonakilty, une jetée qui abritent quelques bateaux à voile, à moteur ou de pêche, un pub d'où on voit la mer entrer et sortir de la baie depuis la terrasse en bois. C'est ici que je passe maintenant le plus clair de mon temps libre, accompagnée de ma jolie bicyclette verte, d'un sac à dos alourdi par mon ordi mini préféré et d'un peu de fromage et de pain que je partagerai tout à l'heure avec la gent ailée.

A quelques mètres de moi, trois cygnes viennent de prendre leur envol dans un bruit assourdissant, et vont se poser sur un îlot de sable encore abandonné par la marée montante, entre les collines vertes et brunes.

Combien d'espèces d'oiseaux cohabitent-elles ici ? Ils se promènent par groupes au ras de l'eau, crient, sifflent et chantent à qui mieux mieux. J'ai noté leur nom anglais, reste à trouver leur traduction française pour en apprendre un peu plus sur eux.. mais est-ce vraiment nécessaire ? L'important n'est probablement pas de connaître le nom que leur ont donné les Hommes : les regarder, les écouter, voler avec eux dans un rêve qui dépasse la réalité du moment, voilà ce dont je veux vraiment profiter.

L'océan envahit lentement dans la baie, et de là où je suis j'aperçois les vagues blanches venues du large éclabousser les récifs qui en gardent l'entrée.

D'aucun à l'oeil d'aigle et à la plume aussi acérée que la serre dudit oiseau m'ayant fait remarquer quelque "personnalisme" oublié dans l'épisode précédent, je me pose la question : est-ce qu'on écrit pour soi, ou pour faire partager ses émotions à d'autres ? Il est vrai que je pense souvent à l'un, l'une ou l'autre en jetant mes sensations du moment sur ce blog. Paradoxale recherche effrénée de solitude, et du besoin inassouvi d'être avec ceux que j'aime ! Mais ceux que je ne connais pas et qui me font le très grand bonheur de me lire sont les bienvenus dans ma petite famille, virtuelle ou non.

Les gens d'ici sont comme ça, d'ailleurs. Non qu'il soit facile d'entrer dans leur véritable intimité.. mais tout le monde est toujours "most welcome" pour échanger des idées, discuter de tout et de rien et se tenir chaud au coeur au hasard d'une rencontre dans la rue ou dans un pub. La légèreté de l'être ne me paraît finalement pas si insoutenable...

C'est pareil dans le travail quotidien : cheerful, l'ambiance ! là aussi, bonjour, merci, au-revoir, et toujours des sourires.. on discute dedans et dehors, sur l'herbe verte du parc qui borde le bâtiment, ou dans la cafétéria toujours pleine, et ici comme ailleurs les échanges sont simples, dépourvus de sophistication, que ce soit avec un collègue ou avec qui que ce soit, quel que soit sa fonction. On travaille, aussi, beaucoup ! en promenant partout avec soi les mugs de thé ou de café libéralement offerts par la maison (non, je sais, il y en a qui détestent cette description, n'est-ce pas ? Ne m'interromps pas tout le temps, s'il te plaît.!!! (NDLR : encore un personnalisme, certains sont si tentants... désolée. C'est l'inconvénient de vivre en permanence dans trois ou quatre dimensions différentes..).

Drôle de pays ? certainement, pour ceux qui cuisinent la rigueur à toutes les sauces.

Et le bonheur, dans tout ça ? Il me semble être ici enfin à l'abri de cette notion de "bonheur à tout prix" qu'on essaie de nous inculquer de force dans "l'autre monde" et qui nous rend malheureux, convaincus que nous sommes d'être incapable d'en bénéficier.. Peut-être parce que ce n'est qu'une théorie ? A quoi sert de le chercher partout, sauf là où il est vraiment. Pour l'attraper il suffit parfois de regarder devant soi, les yeux et le coeur bien ouverts, sans autre forme de philosophie.

Prendre les instants comme ils viennent, accepter les moments heureux, pour pouvoir en accepter aussi les moins bons et même les très mauvais, et surtout ne pas se poser de questions sur un avenir qui nous échappe, sous peine de tout gâcher.

Nous possédons tous ce pouvoir, n'en déplaise à ceux qui prétendent le contraire par leur simple refus de se laisser aller.. Inutile de venir en Irlande pour être heureux.. mais si il y a une leçon à retenir de ce pays, c'est bien que l'absence de sophistication qui s'en dégage est une bonne école !

Une grue s'est posée à moins de 2 mètres de moi, sur le muret qui me sépare de la mer. Le moment est étrange, nous nous regardons, qu'essaie-t-elle de me dire ?



1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je pense que la grue voit en vous une femme qui instinctivement veut revenir sur une terre ou plutôt une île, l'île Avalon, le Sid, ou l'île Atlantide du Rockall, Ogyvie peut-être ... Les ancêtres de cette grue avaient l'habitude de vivre ensemble dans la "plaine du bonheur". Pour moi elle vous a dit : "tu es dans la bonne direction" ...

9:12 PM  

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