samedi, février 11, 2006

Une colonne vers le ciel

C'est un dimanche un peu gris, aujourd'hui.. l'un de ceux que l'on ne sait pas vraiment par quel bout prendre pour en faire quelque chose.
Ne rien faire pourrait être une solution, mais non, ça ne marche pas..
Mes pensées partent dans tous les sens, par petits morceaux épars donc stériles.
Et toutes ces questions, et toutes ces non-réponses... dire que je suis la première à dénoncer cette manie bien humaine de vouloir tout savoir, et de ne plus laisser au Mystère sa place pourtant essentielle !

Je suis allée hier à la rencontre de mes rêves de pierres levées, et l'aimable propriétaire de l'une des grandes fermes du coin, tout étonné que quelqu'un lui demande enfin l'autorisation de rentrer sur ses terres, m'a invitée à parcourir les lieux à mon aise et à y revenir autant que je le souhaitais. Il est vrai que son amitié avec mon adorable colocataire a sans doute contribué à cet excellent accueil !

Ce que j'y ai découvert m'apparaît comme un bien si précieux que je n'ai pas voulu le gâcher en y restant trop longtemps.. à moins que ce ne soit la combinaison d'un gros rhume et d'un temps grisailleux qui m'ait fait abdiquer ?

Je n'ai pas envie de tout décrire, pas encore, juste quelques bribes... Une grande enceinte bordée d'un muret de pierres, et au milieu une colonne de 4 ou 5 mètres de haut et d'un diamètre d'environ 15 cm, sans doute rectangulaire au moment de sa construction, et terminée en pointe comme l'obélisque de Louqsor...

Devant la fine et longue colonne, une grosse pierre plate, creusée en son milieu, posée en équilibre sur d'autres pierres. Juste à côté, un rectangle présentant une entrée vers la mer, cerné d'un large muret de pierres sèches recouvertes de mousse et dont certains pans ressemblent de loin à n'importe quel talus d'herbe et de terre. Au milieu de ces ruines, deux pierres plates indiquent clairement à la néophyte que je suis l'entrée d'une excavation qui ne semble pas avoir été dérangée depuis des années. Et partout, des pierres jonchent le sol, parmi lesquels des quartz immaculés de blancheur.

Par quel miracle ai-je accès à un tel trésor, moi qui ne suis ni historienne, ni archéologue, et encore moins scientifique ?

Je voudrais être deux pour pouvoir partager ça... mais je suis seule, alors je m'en vais sur la pointe des pieds. En sachant que j'y reviendrai plus tard, car j'y reviendrai souvent, je le sais.

Derrière un portail, Dan me guette, et me raconte les solstices d'hiver et d'été, les rayons du soleil qui, deux fois par an seulement, illuminent étrangement certains endroits des ruines.
Il m'explique que les fondations que je viens d'admirer sont celles d'une vieille chapelle, il me parle de paganisme et de christianisme, de souterrain inviolé, me dit qu'il attend le moment où il prendra le temps d'explorer un peu plus ces vieilles ruines..
Mais pour l'instant, les seuls visiteurs réguliers sont des bouvillons, des chevaux et des chiens.

Avant de repartir vers le café étrangement civilisé d'où j'écris ces lignes, je suis retournée au cercle de pierres, dont les larges colonnes si imposantes et le quartz central m'intriguent toujours autant. Les boeufs adorent l'endroit, décidément.... et me voilà bientôt debout contre le quartz, au milieu du cercle, dont les pierres manquantes semblent maintenant remplacées par.... 16 magnifiques jeunes bêtes à cornes, à la fourrure épaisse et aux naseaux ronflants, observant sagement chacun de mes mouvements !

Ce fut là un grand moment...

Après cette dernière visite, je me suis transformée en rat de bibliothèque pour tenter de comprendre comment une haute colonne de pierre porteuse d'Ogham, érigée avant les pyramides, d'après Dan, pouvait côtoyer les ruines d'une ancienne chapelle datant des premiers temps du christianisme irlandais.

Rien, si ce n'est la confirmation que ce temple appartenait à une famille locale, dont elle tient l'un de ses multiples noms.

Pas de dates, pas de détails, rien. Pas moyen non plus de savoir quelle pouvait être la taille initiale de cette colonne : nombre d'entre elles se sont enfoncées lentement dans le sol depuis leur érection, celle-ci en a sans doute fait autant ?

Pas grand chose non plus sur cette étrange coupe à trois pétales, taillée directement dans une grosse pierre, juste devant la colonne dont les multiples strates sont polies par les intempéries et par le bétail qui s'y frotte à chaque occasion.

Le propriétaire des lieux m'a dit qu'il ne s'agissait sûrement pas d'une coupe destinée à recueillir l'eau bénite à l'entrée de la chapelle, comme certains le disent, mais d'un mortier utilisé par les celtes pour moudre noix ou grains... Sans doute a-t-il raison. Ma question est de savoir pourquoi ce mortier est-il placé juste devant la colonne ? est-il de la même époque ? ne servait-il pas plutôt à la confection de quelque décoction druidique ? ou bien a un usage totalement différent bien que totalement occulte...

Comme j'aimerai pouvoir ne rien faire d'autre que me poser ces questions et en chercher les réponses dans les livres et dans la terre brune, dans les quartz et dans les étoiles...

Mais demain est un autre jour, n'est-ce pas ? Et qui peut vraiment prédire l'avenir.