samedi, février 11, 2006

Des fées et des anges

Heureusement que les week-ends existent... Privée d'un accès internet suffisant pour me permettre de mettre à jour mon cher journal irlandais, j'en ai profité pour me plonger dans des livres, des vrais, ceux qui sont écrits sur du papier, maintes fois consultés, gribouillés par d'autres fous comme moi, sans doute, à la recherche de réponses impossibles parce que non-humaines.

Par ce samedi encore plus gris que la semaine dernière, je profite de la petite pluie qui tombe pour me réfugier dans mes rêves, entre deux essais bien matérialisés par les rugbymen de mes deux pays préférés, car nous sommes en plein match France Irlande...

L'ambiance qui règne dans le bar est quand même un peu morose, malgré la Guiness ! et il n'y a que moi à applaudir aux exploits de "mon" équipe nationale pendant une première mi-temps qui me fait oublier mes pierres et mes anges. En attendant de fêter ce soir victoires et défaites, réunies en une seule troisième mi-temps dans une atmosphere plus chaleureuse, pleine de rires et de musique.

O'Driscoll quitte le terrain sous les applaudissements, et son visage angélique me renvoie aux miens. Des anges et de la création... de Raphaël à Bachelard... de Steiner à Darwin...

En 1918, au cours d'un discours sur les anges, le Suisse Rudolf Steiner dit que l'Homme serait un jour à même de découvrir des forces jusque là insoupçonnées, qui seraient décuplées par certaines manipulations et dont l'utilisation qui en serait alors faite réduirait à néant toutes les connaissances scientifiques et techniques accumulées jusque là...

Faut-il être un initié pour comprendre ce qui nous intrigue de nos ancêtres ? mais cette initiation ne passerait-elle pas plutôt par nos propres rêves ?

Une chose est certaine, c'est que personne n'a pour le moment été capable d'expliquer avec certitude le comment et le pourquoi des pierres levées, y compris des pyramides, et généralement de toute cette utilisation "sacrée" qui a été faite des pierres et parmi elles, du quartz.

L'ouest de l'Irlande, c'est à dire essentiellement les "counties" de Cork et de Kerry, abrite le plus grand nombre de cercles de pierres actuellement recensés dans le monde. L'une de leurs caractéristiques est d'avoir été construits en fonction de données astronomiques très définies à une époque où on n'était pas supposé savoir grand chose sur les astres, et où les croyances en des mondes de l'au-delà étaient suffisamment fortes pour donner naissance à toutes sortes de légendes. Ces légendes sont encore aujourd'hui le fondement de la plupart de nos croyances religieuses, finalement... et qui peut vraiment démêler aujourd'hui la vérité du mythe ?

Comprendre cette histoire si ancienne, et surtout comment des connaissances certaines dans des domaines divers ont pu disparaître en quelques siècles, pour laisser place à un champs de ruines réinventé par les hommes modernes nous permettrait peut-être de vivre mieux ? Et - sait-on jamais - de vivre paix avec nous-même, et avec l'univers ?

Trouve-t-on la vérité dans les légendes ?

Quel bonheur de ne pas être scientifique... de pouvoir rêver, inventer des théories sans jamais devoir les prouver, ressentir sans être tenue de rationaliser ou de matérialiser !

Le secret des anges et celui de l'Atlantide seraient-ils liés ?

La découverte récente d'une nouvelle planète relance les interrogations sur les mystères de l'univers.. ou plutôt des univers.

Existent-ils des univers à l'intérieur d'autres univers ? et des passages oubliés par lesquels se glisseraient parfois quelques formes aux contours imprécis ? Connaissons-nous tous les secrets des ondes et des trous noirs ?

Ici en tous cas, j'aime croire aux fées : elles sont petites et se glissent partout, sous une pierre ou sur une branche d'arbre, dans l'eau de la rivière et dans un rayon de lune, parfois même dans une poche. Et les fées et les anges, c'est pareil, non ?

Une colonne vers le ciel

C'est un dimanche un peu gris, aujourd'hui.. l'un de ceux que l'on ne sait pas vraiment par quel bout prendre pour en faire quelque chose.
Ne rien faire pourrait être une solution, mais non, ça ne marche pas..
Mes pensées partent dans tous les sens, par petits morceaux épars donc stériles.
Et toutes ces questions, et toutes ces non-réponses... dire que je suis la première à dénoncer cette manie bien humaine de vouloir tout savoir, et de ne plus laisser au Mystère sa place pourtant essentielle !

Je suis allée hier à la rencontre de mes rêves de pierres levées, et l'aimable propriétaire de l'une des grandes fermes du coin, tout étonné que quelqu'un lui demande enfin l'autorisation de rentrer sur ses terres, m'a invitée à parcourir les lieux à mon aise et à y revenir autant que je le souhaitais. Il est vrai que son amitié avec mon adorable colocataire a sans doute contribué à cet excellent accueil !

Ce que j'y ai découvert m'apparaît comme un bien si précieux que je n'ai pas voulu le gâcher en y restant trop longtemps.. à moins que ce ne soit la combinaison d'un gros rhume et d'un temps grisailleux qui m'ait fait abdiquer ?

Je n'ai pas envie de tout décrire, pas encore, juste quelques bribes... Une grande enceinte bordée d'un muret de pierres, et au milieu une colonne de 4 ou 5 mètres de haut et d'un diamètre d'environ 15 cm, sans doute rectangulaire au moment de sa construction, et terminée en pointe comme l'obélisque de Louqsor...

Devant la fine et longue colonne, une grosse pierre plate, creusée en son milieu, posée en équilibre sur d'autres pierres. Juste à côté, un rectangle présentant une entrée vers la mer, cerné d'un large muret de pierres sèches recouvertes de mousse et dont certains pans ressemblent de loin à n'importe quel talus d'herbe et de terre. Au milieu de ces ruines, deux pierres plates indiquent clairement à la néophyte que je suis l'entrée d'une excavation qui ne semble pas avoir été dérangée depuis des années. Et partout, des pierres jonchent le sol, parmi lesquels des quartz immaculés de blancheur.

Par quel miracle ai-je accès à un tel trésor, moi qui ne suis ni historienne, ni archéologue, et encore moins scientifique ?

Je voudrais être deux pour pouvoir partager ça... mais je suis seule, alors je m'en vais sur la pointe des pieds. En sachant que j'y reviendrai plus tard, car j'y reviendrai souvent, je le sais.

Derrière un portail, Dan me guette, et me raconte les solstices d'hiver et d'été, les rayons du soleil qui, deux fois par an seulement, illuminent étrangement certains endroits des ruines.
Il m'explique que les fondations que je viens d'admirer sont celles d'une vieille chapelle, il me parle de paganisme et de christianisme, de souterrain inviolé, me dit qu'il attend le moment où il prendra le temps d'explorer un peu plus ces vieilles ruines..
Mais pour l'instant, les seuls visiteurs réguliers sont des bouvillons, des chevaux et des chiens.

Avant de repartir vers le café étrangement civilisé d'où j'écris ces lignes, je suis retournée au cercle de pierres, dont les larges colonnes si imposantes et le quartz central m'intriguent toujours autant. Les boeufs adorent l'endroit, décidément.... et me voilà bientôt debout contre le quartz, au milieu du cercle, dont les pierres manquantes semblent maintenant remplacées par.... 16 magnifiques jeunes bêtes à cornes, à la fourrure épaisse et aux naseaux ronflants, observant sagement chacun de mes mouvements !

Ce fut là un grand moment...

Après cette dernière visite, je me suis transformée en rat de bibliothèque pour tenter de comprendre comment une haute colonne de pierre porteuse d'Ogham, érigée avant les pyramides, d'après Dan, pouvait côtoyer les ruines d'une ancienne chapelle datant des premiers temps du christianisme irlandais.

Rien, si ce n'est la confirmation que ce temple appartenait à une famille locale, dont elle tient l'un de ses multiples noms.

Pas de dates, pas de détails, rien. Pas moyen non plus de savoir quelle pouvait être la taille initiale de cette colonne : nombre d'entre elles se sont enfoncées lentement dans le sol depuis leur érection, celle-ci en a sans doute fait autant ?

Pas grand chose non plus sur cette étrange coupe à trois pétales, taillée directement dans une grosse pierre, juste devant la colonne dont les multiples strates sont polies par les intempéries et par le bétail qui s'y frotte à chaque occasion.

Le propriétaire des lieux m'a dit qu'il ne s'agissait sûrement pas d'une coupe destinée à recueillir l'eau bénite à l'entrée de la chapelle, comme certains le disent, mais d'un mortier utilisé par les celtes pour moudre noix ou grains... Sans doute a-t-il raison. Ma question est de savoir pourquoi ce mortier est-il placé juste devant la colonne ? est-il de la même époque ? ne servait-il pas plutôt à la confection de quelque décoction druidique ? ou bien a un usage totalement différent bien que totalement occulte...

Comme j'aimerai pouvoir ne rien faire d'autre que me poser ces questions et en chercher les réponses dans les livres et dans la terre brune, dans les quartz et dans les étoiles...

Mais demain est un autre jour, n'est-ce pas ? Et qui peut vraiment prédire l'avenir.